Sunday, 26 April 2020 09:08

Mythes et mythes fondateurs

Chaque région d'Algérie pullule d'histoires, marquées par la nature de la société, l'environnement, le passé et les aspirations des habitants.

 Le mythe fondateur est un terme qui revient souvent dans le discours sur les ancêtres ou sur l'origine. On parle de mythe fondateur quand le début de la vie en société dans un lieu précis est rehaussé par une histoire qui donne à cet endroit une spiritualité qui le rattache à ses habitants. Comme l'histoire des deux pélerins à El-Hamel, ou Sidi Anderrahman à Alger et Sidi Mhamed à al-Hamma/Belcourt.

La création du monde est entourée de mythes sur les phénomènes naturels, les relations de l'homme à Dieu ou encore le vivre ensemble. La question des mythes fondateurs concerne la cosmogonie, l'origine de l'homme et les récits sur l'origine du monde et de la vie en général. Tout mythe relaté est porté par une tradition orale. Le mythe favorise la parole et l'échange, celui qui ne parle pas s'exprime par la violence. Le mythe instaure harmonie et sagesse là où le chaos fait peur, par la symbolique il remet celui qui raconte sur la voie de l'entente, du débat, du dialogue et de la conciliation. Il essaie aussi de trouver des vérités là où la raison n'arrive pas.

Dans Anthropologie structurale, Claude Levi-Strauss écrit : « Le mythe se définit par un système temporel rapportant des événements passés « avant la création du monde » ou « pendant les premiers âges». Sa valeur intrinsèque provient de ce que ces événements, censés se dérouler à un moment du temps, forment une structure permanente et deviennent intemporels, se rapportant simultanément au passé, au présent et au futur ». La structure temporelle du mythe est donc à la fois historique et anté-historique.

Il y a des centaines voire des milliers de mythes fondateurs en Algérie. Mais on s'en éloigne souvent par un excès de rationalité ou un abus de radicalité qui qualifient le mythe de charlatanisme, provoquant l'amnésie par rapport à notre histoire.

Voici quelques histoires collectée à Médéa dans le cadre d’une étude sur l'inventaire PCI, réalisée par une équipe de chercheurs du CNRPAH. Ibn Khaldoun dit : « El-Média, a été fondée par Bologhine ibn Ziri, au XIe siècle ». Mais la mythologie raconte que « Médéa est une ville offerte par les anges et protégée par eux. Ils l'ont installé dans l'atlas tellien, si le mal rentre le matin il en ressort le soir. Il ne peut y passer la nuit. »

Quelques histoires qui parlent de l'eau. L'eau est un élément purificateur, beaucoup de choses se passent dans les fontaines et les sources :

-« Ain Dhab » était une source qui un jour a déversé de l'or à la demande d'un homme saint pour aider une population à sortir de la misère.

-« Ain achrab wa-h-rab » était une fontaine sur la route de Hennacha, située dans un bois épais qui impressionne et fait peur. On raconte qu'une ogresse régnait sur les lieux et empêchait les gens de se désaltérer. Par un temps de sécheresse, les gens ont manqué d'eau. Un homme courageux est allé trouver l'ogresse. Après maintes négociations, ils parviennent à un accord. « Je permets, dit-elle, à celui qui a soif de boire, mais nullement de s'asseoir pour se reposer. »

-« Ain La'arayès » était une source porte-bonheur pour les mariées qui espèrent le bonheur et la stabilité conjugale. Toutes les mariées en faisaient la visite pour les souhaits d'avant les noces. Mais cette tradition a disparu depuis que les filles ont fait du hammam une autre tradition de mariage.

-A Sidi Mahjoub, il y avait une source avec un palmier sacré. Sa visite protège contre la malédiction et suspend le sacrilège (tqaf).

Il existe à Médéa un nombre incalculable de sources et de points d'eau. La majorité d'entre elles ont disparu ou ont été détournées de leur mission mythique, même si elles ont encore des rôles thérapeutiques, sinon elles alimentent des besoins à la population.

 
Ouiza Galleze
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